Les premiers hommes apparaissent environ 18000 ans avant l'ère chrétienne, dans une caverne du rocher de Tahaut, à Hastière.

Les romains ont laissés de nombreuses traces de leur passage, des vestiges de villas (Anthée +-30 avJC) mais aussi une importante tuilerie. 

Cette fabrique a donné plus tard le nom du château de "la Thylère" par référence à l'endroit où il fut bâti.

L'étymologie de "Hastière" proviendrait du nom d'un général romain, Hastirius, ayant occupé la région avec ses légions.

Au Ve siècle, les francs vont saccager les propriétés romaines et s'installer en Haute Meuse.  Ensuite vers 600, des moines irlandais vont s'installer et commencer à édifier le bel ouvrage roman qu'est l'abbaye d'Hastière, avant celle de Waulsort.

Depuis le moyen-âge, Hermeton a appartenu au Comté de Namur et à la puissante abbaye de Waulsort (XIe s.). De 1678 à 1772, Hermeton est terre du royaume français  (Sur la carte réalisée en 1771 par le géographe Ferraris, le village se nommait "Ermetton" et celui-ci était alors frontalier du Royaume de France).

Le 24 mai 1772, Louis XV donne Hermeton et Heer au Prince-Evêque de Liège en échange de quelques possessions jusqu'ici détenue par la Principauté de Liège (Chooz ...) .

C'est alors que le Prince-Evêque liégeois octroie un bac en fermage à Heer -Agimont pour assurer la liaison entre les deux rives de la Meuse

( . . .  d'où le très courru fritkot dénommé le "Bac du Prince" ) .

En 1792 les armées autrichiennes occupent le territoire et installent des canons sur un point élevé à la jonction des vallées de la Meuse et du Féron, emplacement d'un ancien camp romain: la "Batterie".

Lors des pillages et des exactions des révolutionnaires français, ces canons vont tonner et retarder l'avance des français pour permettre la fuite des moines de l'abbaye d'Hastière.

L'origine de la maison surnommée le "Tiesta" n'est pas connue, mais son existence figure dès 1843 sur le plan cadastral de la commune de Hermeton.

En 1897, elle fut rachetée par un employé du chemin de fer pour la somme de 1100 francs or ...

En 1914, les hordes allemandes (régiments saxons) mettent à sac la région dinantaise et de nombreux massacres et pillages ont lieu.

A Hermeton, la population doit fuir dans les bois mais le village n'échappe pas au pillage, à la destruction et aux tueries le 23 août 1914 : 20 habitants sont sommairement fusillés.

Le Tiesta est incendié comme 160 autres habitations et un obus perce la toiture de la grange voisine, mais n'explose pas.

La maison sera reconstruite au moyen des dommages de guerre payés par l'Allemagne en 1922 (d'où la différence de matériaux entre le rez et l'étage) sur base de la décision du Tribunal de Dinant le 5 juillet 1926 pour un montant de 37 500 francs belges. 

L'Allemagne est peu empressée de rembourser les dommages de guerre; l'armée belge va donc occuper les centres de production de charbon et d'acier de la Ruhr. Elle se retirera en 1925 (comme les français) sous la pression des anglo-saxons mais non sans essuyer quelques attentats organisés par la résistance locale.

Le souvenir des tragiques évènements de 1914 sont restés vivaces dans la région, aussi il a fallu attendre 2000 pour que la Ville de Dinant puisse faire pavoiser le drapeau de l'Allemagne aux côtés des autres nations sur le pont enjambant la Meuse malgré encore de vigoureuses protestations locales ...

En août 2014, la Collégiale de Dinant retrouve son carillon détruit il y a 100 ans.

En 1996, la toiture d'ardoises du Testia fut rénovée; les ardoisiers remarquèrent que la charpente s'était en fait déplacée de plusieurs centimètres. C'était la conséquence de la chute d'une bombe allemande tombée dans le jardin avant du Tiesta en mai 1940.

Des éclats sont toujours visibles sur la façade et des vitres "de guerre" sont encore en place.

A l'approche de l'invasion allemande et aux souvenirs douloureux de 14-18, la population du village alla se réfugier au fond de la vallée de l'Hermeton.

Le premier samedi de mai soit le ...., après la déclaration de guerre du 10 mai 1940 un avion allemand a survolé Hermeton dans le sens Hastière  vers Heer-Agimont. Le pilote a viré aux alentours du lieux-dit le Houriat pour revenir à basse altitude, tous feux allumés, vers Hermeton. Il était 22H30 environ.

Le pilote a  largué  une  première  bombe  près  de l'hôtel  Hermosa où des soldats français préparaient  des frites.  La seconde a atterri entre le passage à niveau et un un petit garage (qui existe toujours) dans lequel des soldats français soupaient.

La troisième est tombée dans le jardin du  tiestia, celle-ci a démoli le mur de soutènement et blessa gravement une habitante du tiestia, celle-ci décéda dans les heures qui suivirent.

Le propriétaire du Tiestia a eu plus de chance puisqu'il sorti indemne de la maison.

Des soldats étaient  présents aussi au  moulin; la dernière bombe  éclata à hauteur  des porcheries de celui-ci, des traces d'éclats sont visibles encore actuellement dans les murs des anciennes porcheries. 

Le lendemain  dimanche de nombreux habitants  quittaient  le village  en empruntant le train de la ligne Hastière-Chimay pour fuir vers la France. Ces personnes partaient en emportant un minimum dans de rudimentaires baluchons  comme un sac à pommes de terre avec deux ficelles !
Les larguages sur les objectifs étaient précis; le pilote devait avoir une parfaite connaissance des lieux.
  

Propos recueillis auprès de Gilbert DERVAUX, février 2012